Quand on naissait noir dans un bled du Mississippi en 1934, on n'avait guère de chance de connaître d'autre école, d'accéder à une autre culture que celles du coton et du blues. En écoutant ce merveilleux chanteur spécialiste de la slide-guitar, on le sent totalement immergé dans cette musique. A Chicago, où il vit depuis 1956, il est tout naturellement devenu à la faveur du blues revival un de ces baladins intemporels, de ces derniers héritiers de l'âge d'or du Delta qu'on allait avidement écouter sur Maxwell Street, avec l'impression de toucher un morceau de la vraie croix. Son style a évolué par phases sous les meilleures influences , celles de Lightnin'Hopkins, John Lee Hooker, puis Hound Dog Taylor, Elmore James et B.B. King. Son nouvel album au titre éloquent, " I've Never Be Loved " (Fedora) est une pure merveille. Il ne faut sous aucun prétexte manquer de visiter un tel monument qui mérite d'atteindre enfin la même célébrité tardive que son compatriote R.L. Burnside.