AU QUAI DU BLUES, LE MAXWELL CAFE LEVE L’ANCRE


AUTOMNE 1997

Le regretté Luther Allison (août 1939-août 1997) disait : « trop souvent, le public ne connaît notre musique que par les disques et les concerts : pourtant elle est née dans les clubs et c’est là qu’elle est vraiment chez elle, c’est là qu’elle vit, qu’elle se renouvelle… »
Quand il était disponible à Paris, Luther venait jammer au Quai du Blues pour, disait-il : « nous soutenir et aider ses amis bluesmen de Chicago ». Dans ce lieu qu’il aimait nous serons nombreux à penser à lui le 4 septembre prochain, avec son compère Ike Turner qu’il avait souvent accompagné (c’était un de ses plus beaux souvenirs), et qu’il aurait dû retrouver une fois de plus.
En mars 95, dans notre premier édito nous reprenions les paroles historiques de Martin Luther King – « I had a dream » - pour saluer la naissance du Quai du Blues, ce « paradis parisien de la musique vocale noire américaine » dont nous rêvions depuis si longtemps.
En moins de deux ans, ce rêve s’est réalisé au delà de toutes les espérances. Tout s’est passé comme si le Mississippi était devenu un affluent de la Seine, et désormais le pavillon de l’Ile de la Jatte tangue comme un riverboat au tempo du blues, du rhythm’n’blues et de la soul… Plus de cinquante artistes majeurs y ont déjà abordé, renouant avec cet Age d’Or où Paris était la Mecque européenne des chanteurs noirs américains.
Il ne manquait à ce rêve que de s’assurer la longévité indispensable à toute entreprise culturelle digne de ce nom. C’est désormais acquis grâce au mécénat des Cafés Maxwell, qui ont depuis longtemps associé leur image à la chaleur incomparablement communicative des musiques noires.
Ainsi le « Quai du Blues » devient le « Maxwell Café ». Par un de ces hasards objectifs qui n’en sont pas vraiment, notre club épouse ainsi le nom de la légendaire Maxwell Street, la « rue du blues » à Chicago.
Le lieu avait atteint son allure de croisière, c’était donc le moment de passer la vitesse supérieure… sauf pour les prix habituels qui ne changeront pas. L’affiche sera de plus en plus prestigieuse, réunissant pour chaque soirée deux artistes renommés, déjà consacrés par leurs disques.
Dès les premières semaines, vous pourrez découvrir au Maxwell Café la plupart des nouvelles révélations « blues » et « soul » saluées par la presse spécialisée dans les derniers mois. Aux soirées de jeudi, vendredi et samedi, s’ajoutera un « evening brunch », chaque dimanche dès 19 heures. Ainsi chaque semaine du Maxwell Café se terminera par une jam session où se rencontreront tous les artistes afro-américains de passage à Paris, dans la riche tradition des clubs américains.
Le blues, la soul, le rhythm’n’blues, c’est l’Opéra des Noirs », un art lyrique populaire qui depuis plus d’un siècle exprime toutes les émotions d’un peuple fier de sa culture. Paris a toujours su vibrer au diapason de ces chants passionnés. Michel Leiris, le premier poète français à les découvrir, disait qu’ils « nous dévoilent la face cachée des nuits sans lune ». Dès le 4 septembre, les parisiens ont rendez-vous au Maxwell Café, le seul endroit où ils pourront se restaurer à la source des musiques de l’âme.


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Gérard Vacher

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