LES AUTOROUTES DU MENSONGE

AUTOMNE / HIVER 2003-2004

Alors que les techniques du 3è Millénaire permettent de penser que nous sommes entrés dans l’âge d’or absolu de la communication et de la transparence, les autoroutes de l’information sont devenues les autoroutes du mensonge...
Au regard des maîtres actuels de la manipulation, Joseph Goebbels avec sa devise “plus le mensonge est gros, mieux il passe” n’était qu’un pauvre débutant. De son vivant, Léon Trotski disait du “Temps” (ancien nom du “Monde”): “Ils disent toujours la vérité sur les petites choses pour mieux mentir sur l’essentiel”.
En cette ère de manipulation généralisée (cf. “Les Maîtres de la manipulation” Nouvel Obs 23/10/03), les révélations des journalistes sur les mensonges d’Etat, et les lucratives publications d’ex-journalistes sur les impostures des médias eux-mêmes, semblent laisser l’opinion indifférente et les journaux, malgré leurs erreurs, voire leurs trahisons, continuent à se vendre, les chaînes TV rallongent leurs tunnels de pub, les hommes politiques condamnés continuent à se faire réélire, les attachés de presse, à fourguer aux médias des campagnes prêtes à imprimer... Dans ce domaine aussi, les analyses de Trotski sont dépassées... dans la presse il n'y a désormais pas plus de vérité sur les petits sujets que sur les grands.
Mais quel rapport avec le Blues, le Quai du Blues et la musique en général ? ...Hors du commerce des idées, il y a le commerce tout court, et, le commerce culturel où règnent les modes. Il y a bien longtemps, que lassé des mesquineries et des hypocrisies du commerce des idées, j’ai déserté les “polémiques du microcosme” pour le pur plaisir de la musique, et je ne le regrette toujours pas, pensant que la musique ne peut décevoir puisqu’elle ne promet rien et se consomme instantanément.
Malheureusement, à moins de consommer la musique en onaniste, dès qu’on désire la partager et la faire partager, comme ça se pratique au Quai du Blues, on peut difficilement s’abstraire du marketing et de la communication...
alors, ça redevient aussi sordide et mesquin que dans le “microcosme”, mais avec l’intelligence et le talent en moins.
Pour communiquer avec ceux qui nous aiment et apprécient notre mode de consommation et de partage de la musique, pourquoi perdre notre temps et notre énergie à nous prosterner devant une clique pour qui le blues, simple distraction - et moi je dirais pur bonheur - ne mérite aucun intérêt culturel... au moment où pour des millions d'américains c'est "l'année du blues"... Et lorsque dans quelques mois sortiront les œuvres de Wim Wenders et de Scorsese sur le Blues, comme d’habitude ils se prosterneront et recopieront les dossiers pré-rédigés.
Ce Blues News nous permet de nous adresser directement à chacun, et d’expliquer, au-delà d’un simple prospectus, notre conception joyeuse et généreuse de la musique vivante, à l’opposé de celle des spécialistes qui ne connaissent que le prêt à imprimer, voire le renvoi d'ascenseur...
Jean-Paul Aron (*), reviens, pour nous écrire “les Modernes”... de la musique !!!
...Et je réponds aux rares détracteurs de notre précédent édito qui nous reprochaient d'avoir osé déborder des sujets publicitaires, “seuls tolérables pour un commerçant”, qu'un média, quelque soit sa taille, n'est jamais un impartial observateur et un strict diffuseur de vérité, mais une entreprise qui exprime le point de vue du ou des dirigeants et de leur entourage, exactement comme nous-mêmes le faisons dans nos colonnes, qu’il s’agisse de vanter nos artistes ou de nos éditos... Et ceux qui mal y pensent ne sont pas tenus de nous lire ; ils peuvent même diffuser à leurs frais, comme nous le faisons, le fruit de leurs pensées ! Merci à ceux plus nombreux, qui, au contraire, nous encouragent par mail et e-mail, ou par leur présence ! ...Nous allons continuer à sévir, même si l’encre libre et le papier libre ne bénéficient d’aucune autre aide que l’argent des clients du club, particuliers et entreprises.
N'oubliez donc jamais que votre “bouche à oreilles” est aussi une manière de “bouche à bouche” compensatoire et très utile.
Les Bluesmen, eux, restent les troubadours des temps modernes et le blues est leur message de joie et de bon sens. Offrez-vous de temps en temps un vendredi ou un samedi soir avec ces trouble-fêtes lucides en chair et en os ; ça vous changera de la télé.

A bientôt.


Back

Gérard Vacher

Top