Cinq Ans d'Authenticité![]() |
Beaucoup nous prenaient pour de doux utopistes
lorsque nous avons ouvert, en mars 1995. Mais en cinq ans, le Maxwell Café
s'est imposé comme le havre parisien de l'originalité afro-américaine, du
blues et du gospel, du rhythm'n'blues et de la soul. Refusant de tomber dans
les pièges de la confusion et de la fusion insipide, nous avons prouvé le
bien-fondé d'une programmation 100% "noire américaine" -
au nom de la vérité culturelle, bien sûr, et pas de la couleur de peau! Nous
avons gagné l'enthousiasme du public et le soutien d'un sponsor aussi discret
que généreux. Et malgré le boycott inqualifiable des "empaffés
du PAF", la presse est de plus en plus consciente de l'importance du
Maxwell...
Ainsi, célébrant par une page de Libération (14 janvier) la rentrée au Maxwell
Café, Louis Skorecki dressait un portrait dithyrambique du génial méconnu
Lee Shot Williams. Sous la même plume chaleureuse, on avait lu l'an dernier
une émouvante déclaration d'amour à la pulpeuse Holly Maxwell... qui a partagé
avec Lee Shot notre première affiche de l'An 2000 et qui va prochainement
inaugurer notre collection de CD live at Maxwell Café.
A la fin de son papier sur Lee Shot, Skorecki s'étonne : " Au fond, ce
grand caméléon qui n'aime rien tant que mélanger les
styles (r'n'b, gospel, big band, blues, swing, soul...) est un puriste. Presque
un tenant de l'apartheid musical." Les mêmes mots seraient valables pour Holly
Maxwell et la plupart des artistes programmés au Maxwell.
Car en fait (Skorecki le sait bien, il le sent et le vit bien) cet esprit
de contradiction qui passe chez nous pour insolite ou même insoluble - profane
et sacré, blues et gospel, noir et blanc, swing et ballade, soul et country,
universalité et repli ethnique - c'est l'essence subtile et explosive du chant
africain-américain, tel qu'il survivra au XX° siècle. Le nouveau CD de B.B.
King (*) - hommage à Louis Jordan, le pionnier jazzman du rhythm'n'blues -
illustre magnifiquement cette dialectique biaisée entre la du blues sans cesse
réaffirmée et ces paillettes de swing et de soul qui l'enrichissent grâce
au brassage des clubs.
De même l'album de Holly Maxwell (*) devrait plaire à (presque) tout le monde
: dès les premières notes, sa version vertigineuse du classique "Everyday
I Have the Blues" annonce les couleurs exceptionnellement riches d'une
voix aux accents lyriques qui danse et scatte autant qu'elle chante, qui improvise
pas à pas dans un dialogue sensuel et ascensionnel avec un public ébloui.
Son interprétation de "Thrill is Gone" (le tube sempiternel de B.B.
King) en renouvelle chaque note selon une approche de femme et de musicienne.
C'est du blues purissime - le fond comme la forme - et en même temps une formidable
anthologie de ce que jazz et soul ont puisé dans le blues. Ladies and Gentlemen,
ne vous inquiétez pas : si désormais nous enregistrons et filmons les soirées
du Maxwell pour en faire des CD, des CDV et bientôt des émissions de TV -
au gré de nos (et de vos) coups de coeur - le Maxwell Café restera toujours
un vrai club, c'est à dire le contraire de ces "studios live" où
les auditeurs ne sont plus que des figurants gratuits, les artistes de simples acteurs,
les applaudissements "gonflés" au mixage...
le genre de lieu où jamais un disque comme celui de Holly Maxwell n'aurait
pu être enregistré!